Suicide d’une fillette de neuf ans dans la banlieue de Lyon

Une enfant s’est suicidée ce jour, 19 janvier 2011, en se défenestrant depuis l’appartement qu’elle habitait. Face à ce drame terrible, et plus particulièrement dans le cas où un enfant est impliqué, la question qui se pose spontanément est: « Pourquoi? Comment cela a-t-il pu survenir? »

Pour l’heure, une négligence ou un accident semblent écartés par la police. Il s’agirait vraisemblablement d’un suicide. Cette version est étayée par la présence d’une lettre d’adieu dans laquelle la fillette relie son geste aux contraintes imposées par le traitement d’un diabète.

L’objet de cet article n’est pas d’explorer dans les détails ce qui s’est passé pour cette jeune fille.

Par contre, cette tragédie met douloureusement en lumière un fait essentiel : toute maladie physique peut entraîner un contrecoup psychique. Et la répercussion peut être très douloureuse. La santé du corps et la santé de l’âme sont donc intimement liées. La communauté scientifique sait depuis longtemps que le moral d’une personne confrontée à un événement de vie aussi grave qu’une maladie, s’il est bon, sera un facteur essentiel de l’amélioration. Le moral conditionne évidemment l’observance du traitement, la confiance dans le médecin, mais semble aussi agir à un niveau psychique dont les voies sont beaucoup moins bien élucidées.

A l’inverse, les caractéristiques des maladies pouvant entraîner des répercussions négatives sur le moral sont également établies. Ainsi, les maladies:

  • longues, chroniques : diabète, maladies endocriniennes…
  • douloureuses : maladies articulaires, rhumatologiques…
  • entraînant des répercussions sur la vie quotidienne comme des régimes sévères : maladies rénales, diabète, maladie coeliaque…
  • facteurs d’exclusion sociale : surdité, paralysies, maladies neurologiques…
  • vécues comme honteuses : dysfonctions sexuelles, retard mental, SIDA…
  • dont le pronostic est réservé: cancer, SIDA…

sont toutes à risque élevé d’entrainer des conséquences regrettables sur le moral de la personne qui apprend qu’elle devra vivre avec.

Que préférons-nous? Avoir une fracture du bras, sans complication, dont on sait qu’en 6 semaines ce sera résolu et qui ne nous empêchera pas de mener la même vie qu’avant, ou découvrir un diabète, synonyme de piqûres, d’évolution parfois grave et de régime parfois draconien?

En France l’accompagnement psychique des personnes qui doivent vivre avec une maladie de longue durée est encore balbutiant. Plus ou moins avancé dans certaines situations, (annonce de cancer, greffe…), il est généralement insatisfaisant. Le message qu’il nous semble important de faire passer est le suivant : une maladie de longue durée peut conduire à une certaine vulnérabilité psychique. Beaucoup de personnes n’auront pourtant pas besoin d’aide particulière et sauront gérer par eux-mêmes cette nouvelle. Mais ce n’est pas le cas de tous. Aussi, si vous détectez chez vous ou chez l’un de vos proches, une baisse de moral, de la tristesse, un questionnement existentiel du type « est-ce que ça vaut la peine de continuer à vivre? », notre conseil est clair : sollicitez une aide. Cette aide peut prendre plusieurs formes: un professionnel de la santé mentale, mais aussi une association de patients, des groupes de paroles. Le médecin qui assure le suivi de la maladie, ou votre médecin traitant sont aussi d’excellents interlocuteurs face à ce questionnement.

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Souffrance au travail

La santé au travail, et en particulier la santé psychique, a connu un net regain d’intérêt ces derniers mois. Malheureusement, il a eu lieu dans le contexte dramatique des suicides de salariés de plusieurs  entreprises.

Après la stupeur et la tristesse, vient le temps des questions. Comment comprendre la survenue de ces terribles événements?

Plusieurs éléments peuvent être avancés. Tout d’abord, il faut distinguer la souffrance psychique infligée dans le cadre du travail de façon totalement illégale, et celle qui existe sans infraction caractérisée à la loi.

Dans le cas d’une infraction à la loi, comme par exemple dans le cadre d’un harcèlement sexuel ou moral, il est URGENT de porter plainte devant qui de droit. Des associations d’aide aux victimes existent, comme par exemple l’Association de Victimes de Harcèlement au Travail AVHT.

Mais dans le cas le plus fréquent, le travailleur est en souffrance sans qu’aucune infraction n’ait été commise contre lui. Généralement, c’est la conjonction d’un grand nombre de facteurs, qui génère cette souffrance:

  • - l’angoisse du licenciement, permanente, donc l’angoisse pour l’avenir
  • - le manque de reconnaissance ou d’estime pour le travail accompli, source d’amertume et d’aigreur. Cette impression peut exister même dans le cas d’une rémunération importante
  • - le manque d’intérêt, de motivation pour le métier exercé
  • - la caractère routinier, ou protocolisé, sans initiative possible, du travail
  • - la dévalorisation du travail effectué
  • - le sentiment d’injustice, très fréquent, qui peut exister vis-à-vis de collègues qu’on perçoit mieux appréciés
  • - la compétition exagérée entre collègues
  • - la difficulté à s’imposer, s’opposer, ou faire valoir son bon droit
  • - le surmenage, le burn out
  • - l’impossibilité de faire un break complet, du fait de la nature de certains postes, ce qui à la longue est délétère pour l’organisme
  • - la vitesse, la réactivité exigée pour certains postes.

Deux points de cette liste nous semblent particulièrement éloquents:

  • Tout d’abord, il s’agit de  l’inadéquation entre la qualité ressentie du travail fourni par le patient et la reconnaissance ressentie dans son travail. En d’autres termes: un patient qui a le sentiment justifié ou non, de remplir son rôle avec un talent, mais qui a l’impression que la reconnaissance qu’il en retire n’est pas au niveau de ce talent, va commencer à souffrir au travail. La souffrance va naître à partir de l’instant où, aux yeux du patient, la reconnaissance de l’entreprise pour laquelle il travaille devient déconnectée de ses efforts à lui. Dans ce cas, le patient va courir après une reconnaissance qu’il ne pourra pas atteindre. Cela passera soit par des préoccupations permanentes autour du travail, des récriminations, ou alors par un sur investissement dans le travail, une observation exagérée de ses propres réactions et de celle de son entourage professionnel.
  • Ensuite, la souffrance au travail naît très vite lorsque le travailleur est mis dans une situation d’impuissance imposée, où il se sent brimé et dans l’impossibilité de réagir. Ce qui est important, ce n’est pas la savoir si la brimade est justifiée ou non, c’est le fait que le patient ait l’impression de ne pas pouvoir se défendre. Il se retrouve alors dans une situation dépressiogène. Ce modèle se rapproche du modèle de l’impuissance apprise de Seligman sur la dépression.

Cette liste ne prétend pas être exhaustive… Il est important de noter que ce qui compte, ce n’est pas le caractère objectivement fondé ou non de l’impression de la personne qui souffre, mais son ressenti personnel.

La souffrance au travail est génératrice d’un nombre étonnamment élevé de problèmes psychiques qui, dans certains cas, peuvent se compliquer d’authentiques troubles anxieux ou de dépressions.

Bien entendu, le travail seul ne peut être systématiquement mis en cause. Il est bien évident que le contexte familial, la fragilité de la personne sont des éléments qui influenceront l’effet des facteurs négatifs liés au travail. Ce qui est important, c’est de se rappeler que beaucoup des facteurs liés au travail peuvent être améliorés.

Si vous vous reconnaissez dans l’un ou l’autre de ces facteurs, que faire?

Encore une fois, nous pensons que bien des souffrances pourraient être évitées pour peu qu’une prise en charge adaptée ait lieu à temps.

Plusieurs solutions s’offrent à vous. Tout d’abord, vous pouvez en parler à votre médecin du travail, votre médecin généraliste ou un professionnel de santé mentale (psychiatre-psychothérapeute, psychologue). Celui-ci pourra vous aider à évaluer la situation, et au besoin, vous aider à faire les changements nécessaires pour mieux vivre. Notons que le plupart des situations peuvent être solutionnées sans pour autant recourir à un changement professionnel.

Si la démarche vers un professionnel est difficile, dans un premier temps, vous pouvez vous en ouvrir à votre entourage. Le plus important est de ne jamais garder votre souffrance pour vous seul.

Un conseil important: il est très difficile de faire la part des choses entre ce qui est imputable au contexte professionnel et ce qui est dû à la vie privée. Tenter de le faire par soi-même est douloureux et très souvent improductif.

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Se confier à un inconnu… Japon et solitude

Au Japon, la structure de la société révèle une souffrance qui n’avait pas été anticipée : la solitude.

Des personnes de tous âges, isolés socialement ou parfois bien entourés mais se sentant pourtant seuls, éprouvent le besoin de confier leurs problèmes, leur mal-être ou leur tristesse à autrui. Faute d’une oreille disponible, par manque d’interlocuteur, ou simplement parce que l’entourage proche s’est lassé, ces personnes tentent de trouver des palliatifs… L’un d’eux constitue à appeler un numéro pour trouver, pendant quelques minutes tarifées, le réconfort d’une écoute attentive. C’est ce que révèle le quotidien Asahi Shimbun, qui s’intéresse au problème de la solitude chez les Japonais.

Les individus qui appellent sur ce numéro ne sont pas tous isolés, mais on besoin d’avoir à nouveau la satisfaction d’une écoute franche et sincère. Ils ne résolvent pas leur problème, mais trouve un exutoire immédiat à leur tristesse et leur mal-être.

Ce genre de solutions peut être bénéfique à cours terme. Il peut probablement être efficace dans certains cas et être suffisant. Toutefois, cette solution apporte un autre type de questionnement: ces personnes qui appellent, n’ont-elles pas besoin d’aide sur le long terme, et en particulier sur les motifs psychiques qui les ont conduits dans cette situation de solitude? Les écoutants savent-ils que parfois, ceux qui les appellent peuvent être dans une détresse terrible qui requiert parfois plus qu’une écoute? Sauraient-ils par exemple, reconnaître quelqu’un qui souffrirait d’une dépression authentique?

Cette initiative semble pourtant très intéressante. Elle a un mérite essentiel: elle attire notre attention sur un des plus grands maux de notre société: la solitude.

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Le Champix sur la liste de l’AFSSAPS

Le Champix®, varénicline, est un médicament utilisé dans le sevrage au tabac, commercialisé par le laboratoire Pfizer®.

Il est actuellement dans le collimateur de l’AFSSAPS, c ‘est l’un des 59 médicaments actuellement sous surveillance. Comme dans tous les cas où l’on découvre qu’un médicament peut être à l’origine d’effets secondaires graves, il est essentiel de se poser plusieurs questions:

  • Les effets secondaires sont-ils graves?
  • Les effets secondaires sont-ils fréquents?
  • En dépit de leur fréquence, les effets secondaires sont-ils plus importants que les bénéfices du médicament, autrement dit, de quel côté penche la balance bénéfice / risque du médicament?

Premier point, la gravité des effets secondaires. Il est évident qu’un médicament qui met en jeu la vie des patients est plus inquiétant qu’un médicament qui entraîne la nausée, par exemple.

Deuxième point, la fréquence des effets secondaires. Un médicament qui donnerait la nausée à tous les gens qui l’utilisent ne serait pas un bon médicament, car la fréquence de l’effet secondaires, même bénin, est trop fréquent (encore qu’on puisse le tolérer dans le cas d’une prise ponctuelle, et pas au long cours).

Mais au fond, chacun de ces points, pris isolément ne permet de trancher. Ce qui compte, c’est le rapport entre le bénéfice possible et les risques du médicament. Voyons un exemple pour mieux comprendre.

Une personne atteinte de rage a 100% de chances de mourir dans les 30 jours quand la maladie a atteint sa phase neurologique. Si l’on propose à une personne dans cette phase un médicament qui a 50% de chances de la tuer, mais que c’est le seul médicament efficace dans cette maladie, que pensez-vous que va choisir la personne malade? Et pourtant, un traitement létal à 50% (!!!) paraît évidemment très mauvais!

Comme on le voit la question de savoir si un médicament est bon ou mauvais est très complexe. Pour reprendre l’exemple du Champix:

Si le Champix a évité 100.000 décès par cancer du poumon, mais a provoqué 1.200 décès par suicide, que dire de ce médicament?

Et pour compliquer les choses, il faut aussi se demander s’il n’existe pas un autre médicament qui lui, aurait évité 100.000 décès par cancer du poumon, mais aurait provoqué moins de décès!

En définitive, dire si le Champix® est « bon », ou « mauvais » et doit ou non être retiré du marché, est une décision qui doit se prendre par les institutions composées de professionnels qui ont accès aux données de pharmacovigilance, multicentriques et indépendantes!

Maintenant, il faut noter que les arguments développés au sujet de la varénicline sont très inquiétants, et nécessitent des investigations rapides et sans concession.

Notre conseil : N’oubliez pas que les médicaments pour l’arrêt du tabac, seuls, sont peu efficaces. Ils le sont uniquement couplés à une thérapie pour l’arrêt du tabac… qui n’a pas d’effet secondaire, et peut par contre, être efficace sans le recours aux médicaments!

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La garde d’une fillette née sous X est accordée à ses grands parents

Un tribunal s’est prononcé pour donner la garde d’une petite fille née sous X à ses grands-parents. Le point avancé par le tribunal pour légitimer cette décision est le suivant: l’intérêt de l’enfant.

La question centrale est donc : est-il légitime d’aller contre le droit de la mère à l’anonymat, au nom de l’intérêt de l’enfant?

L’argument central est que le cadre de vie et les conditions éducatives seront meilleurs pour l’enfant s’il est élevé par ses grands-parents. Bien sûr, l’intérêt sur le plan familial est évident.

L’inconvénient est que de cette façon, l’intérêt de la mère qui a accouché sous X est mis au second plan. Évidemment, le choix n’appartient à aucun de nous en particulier, mais doit être un choix de société.

Toutefois, en tant qu’observateur, on est en droit de se poser une question: quelles seront les conséquences de cette décision sur les autres femmes qui se trouveront devant le dilemme d’accoucher sous X?

Les femmes qui ne peuvent assumer leur enfant, pour quelque raison que ce soit, sont avant tout des femmes en souffrance psychique. Quand elles décident d’accoucher sous X, ce qui est une décision extrêmement difficile à prendre, c’est qu’elles n’ont pas trouvé d’autre solution.

Avec une décision de levée d’anonymat, auront-elles encore confiance dans l’accouchement sous X ? Ne risquent-elles pas de se tourner vers d’autres solutions comme l’IVG, voire pire, les avortements clandestins quand la limite de l’IVG légale est dépassée ? Pour une fillette dont on a protégé l’intérêt en levant l’anonymat, ne risque-t-on pas de mettre en danger d’autres enfants qui risquent d’être abandonnés hors institution, risquant ainsi leur sécurité?Auparavant, il arrivait régulièrement que les bébés soient abandonnés devant les proches des institutions religieuses… avec les risques pour leur santé que l’on peut anticiper en imaginant un berceau abandonné en pleine ville.

Il ne nous appartient pas de prendre une décision dans ces lignes. Par contre, il semble important d’envisager tous les effets d’une décision, afin qu’elle soit prise en toute connaissance de cause.

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Euthanasie en France: débat au Sénat

A l’heure où le Sénat relance le débat sur l’euthanasie, il semble important de rappeler un certains nombres de points.

Les avantages de l’euthanasie:

  • Permettre à la personne qui souhaite y avoir recours, de finir ses jours dans la dignité
  • Soulager face à une souffrance incurable et insupportable

Les dangers de l’euthanasie:

  • Risquer le recours trop fréquent à cette solution, pour des motifs non valables.

L’histoire a appris à quel point il était dangereux de légitimer une fin de vie, du fait des dérives qui peuvent exister, même si le but originel était louable.

Il n’est pas dans l’objet de ce site de donner un avis tranché à ce sujet.

Par contre, il semble indispensable de comprendre ce qui peut mener un être humain à souhaiter sa propre mort. En effet, comment expliquer que, dans la même situation, certains souhaiteront recourir à l’euthanasie, et d’autres pas?

L’une des hypothèses est que certaines personnes atteintes de maladies graves, bénéficient du soutien psychologique approprié et d’un soulagement approprié de leur souffrances physiques, mais que ce n’est pas le cas pour tous les malades.

En préalable du recours à l’euthanasie, il semble indispensable de s’assurer que la prise en charges de soins palliatifs et que le soutien psychologique de la personne malade et de sa famille ont été optimaux. Une prise en charge auprès de spécialistes, coutumiers des situations complexes comme celles existant dans le cas de maladies incurables ou de fin vie, paraît nécessaire avant d’affirmer que la personne souhaite réellement mourir. N’oublions pas que les maladies graves peuvent entraîner des dépressions, qui peuvent donner des idées suicidaires et être interprétées à tort comme un désir d’euthanasie. En effet la dépression est une maladie qui se soigne très bien!

En résumé, ce qui paraît indispensable au-delà du respect des directives des lois ou le Conseil de l’Ordre des Médecins, c’est de s’assurer que la personne malade a bien reçu les soins optimaux, que toutes les possibilités thérapeutiques ont été épuisées, et que l’on a cherché aussi à soulager la souffrance psychique de cette personne. Lorsque tous ces soins ont été correctement dispensés, s’étend alors un champ dans lequel la question de l’euthanasie se pose. Mais si toutes ces précautions n’ont pas été prises, il semble préférable de commencer par donner à la personne en souffrance , les soins, en particuliers psychologiques, qui sont nécessaires. Avant d’envisager de mourir dignement, il semble nécessaire de donner aux malades toutes les ressources disponibles, pour vivre dignement.

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